mardi 3 avril 2007

Quand les Américains découvrent les vertus de l'appellation d'origine...

... les Européens feraient bien de s'engouffrer dans la brèche!

Car contrairement à une idée reçue, les producteurs viticoles américains savent aussi ce que peut représenter un terroir pour le vin, en termes de savoir faire, de situation géographique, de culture...
C'est en tout cas ce que tend à démontrer la décision prise l'an dernier par les tribunaux américains qui a interdit à Bronco Wine CO, quatrième groupe américain de vin, d'utiliser le nom "Napa" pour des vins non élaborés à partir de vigne de la Napa Valley. Il faut rappeler que la Napa Valley est la région californienne ou s'est le plus développé la production de vin depuis un siècle.
Bronco Wine Co est dirigée par un personnage haut en couleur, Fred Franzia (voir photo), neveu d'Ernest Gallo. Monsieur Franzia a pour objectif de mettre une bouteille à la table de chaque foyer américain. Il s'est ainsi illustré avec son vin à deux dollars (marque Charles Shaw), chose extraordinaire aux Etats Unis, ou il est difficile de trouver une bouteille à moins de dix dollars! Bronco Wine en plus d'etre un peu le Wal Mart du vin, s'est donc fait une spécialité dans le pillage de l'appellation "Napa", profitant des brèches juridiques d'un système américain peu familiarisé avec les appellations d'origine. Le fait qu'il ait perdu en justice s'inscrit dans un mouvement de prise de conscience de certains producteurs américains.
En effet, la National Napa Vintners, association qui était opposée à Bronco dans le contentieux, a été une des initiatrices d'une déclaration signée en juillet 2005 par 7 régions viticoles mondiales.

Nous avons parlé ici de l'accord entre l'Union europénne et les Etats Unis sur le vin, signé en 2005. Il est intéressant de voir qu'il existe certes deux modèles, mais qu'ils ne forment pas un bloc monolithique. La cause des appellations d'origine gagne du terrain aux Etats Unis, en s'appuyant sur le respect du au consommateur. En face, les supporters de Franzia, qui n'a pas renoncé à son combat, plaident pour le libre marché et contestent l'apparition d'oligopoles basés sur l'appartenance géographique. On retrouve également les refrains sur l'élitisme du vin, dans un discours poussé à l'extreme puisque Fred Franzia est allé jusqu'à déclarer qu'aucun vin ne méritait d'etre à plus de 10 dollars la bouteille!

On le voit, il existe des ennemis clairement identifiés mais aussi des alliés potentiels très influents aux Etats Unis. Le Comite Interprofessionnel du Vin de Champagne l'a bien compris puisqu'il figure parmi les signataires de la déclaration ci dessus, et qu'il a été d'un soutien sans faille aux producteurs de la Napa Valley, pour obtenir la reconnaissance juridique de l'appellation. Et on apprend sur son site que le Center for Wine Origins (un de ses visuels de pub à droite), à l'origine de la déclaration et basé à Washington, est financé par l'Union Européenne.

Cela montre tout de meme une chose: les divergences de modèle entre vin de terroir et vin de cépage par exemple ne sont pas uniquement le fait des oscillations de l'offre et de la demande. Elles résultent de stratégies déterminées, de la part d'acteurs précis pour qui la guerre du vin est une réalité. On dit beaucoup que les Européens devraient s'adapter au modèle du nouveau monde. Pourquoi l'effort ne serait il pas réciproque?



Pour signer la pétition sur la promotion des appellations d'origines (intiative que viennent d'ailleurs de rejoindre les producteurs de Chianti), c'est ici!

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1 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Il est évident que les américains sont conscients de l'importance que l'appelation peut avoir, ne serait ce que pour des raisons financières. Mais ne faut il pas aussi (et souhaitons le surtout) un héritage de la France dans la culture viticole américaine.

3 avril 2007 à 00:20:00 UTC+2  

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