samedi 30 décembre 2006

Un peu d'histoire...

Le "Paris Wine Tasting" (photo ci-contre) est un peu l'élément déclencheur de la perte de vitesse du vin français. Resté connu comme le "Jugement de Paris", il s'agissait d'un concours de dégustation organisé en 1976 par Steven Spurrier, marchant de vin anglais. Une dégustation à l'aveugle de vins californiens et français par 9 critiques et oenologues reconnus (dont 8 Français) avait abouti à ce résultat: aussi bien pour les vins rouges que les vins blancs, les vins californiens se plaçaient premiers. C'est à partir de ce moment que les vins dits du nouveau monde ont acquis une légitimité croissante, et surtout que le vin français a perdu la palme du meilleur vin au monde.

Ce retour en arrière rappelle l'influence qu'ont les critiques, oenologues et autres "winemakers" dans la construction du gout. Le vin est de moins en moins jugé selon le terroir dont il est issu , et de plus en plus selon des standards liés au bon gout des critiques influents, bien trop souvent anglo-saxons. A titre d'exemple, Robert Parker est sans doute le critique le plus influent depuis 25 ans, à tel point que standardisation du vin et "parkerisation" sont devenus synonymes... Nous reviendrons sur le personnage ainsi que sur d'autres figures éminentes dont les augustes papilles fixent les grandes tendances à venir...

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jeudi 28 décembre 2006

Le packaging australien

Dans mon dernier post traitant de l’analyse de brevets, j’expliquais l’importance que le packaging est en train de prendre pour l’innovation dans le monde du vin. Aujourd’hui je vous présente une application bien précise de mes derniers propos.

Une des grandes compagnies de vin australien, la Hardy Wine Company, vient de lancer une bouteille en plastique, fermée avec un verre également en plastique, qui en s’ouvrant se déversse dans le verre et est donc prêt à la consommation.


La bouteille de 187 ml n’est commercialisé, pour l’instant, que sur la côte Est de l’Australie, même si le produit a déjà fait ses preuves lors de la tournée du Cirque du Soleil en Australie en augmentant les ventes de vin considérablement. Ce nouveau packaging a été testé sur de la syrah et du chardonnay, vendu au prix de 2,9 € (4,95$ australien) l’unité chez les détaillants. Hardy envisage de l’étendre progressivement à d’autres cépages et aux différentes marques du groupe.

L’invention (sans glamour, sur ça on est d’accord !) est très utile pour servir une grande quantité de vin, rapidement et dans de bonnes conditions higiéniques. Il est donc plus que probable que dans les concerts, spectacles, évènements sportifs, et autres.. l’apparition de ce format ne soit qu’une question de temps.

Le marché du vin est en passe d’entrer dans des lieux où sa présence était auparavent impensable, soit pour des questions pratiques soit pour des questions de sécurité (bouteille en verre interdite), et de rejoindre ainsi les différents sodas, l’eau et la bierre.

Encore une fois les français ont été devancé par les nouveaux entrants sur le marché du vin. Même si l’année 2006 a été une bonne année pour la vente de vin français, il est préoccupant que les nouvelles niches de marchés soient systématiquement occupés par les vins du nouveau monde.

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samedi 23 décembre 2006

2006: une bonne année pour les exportations françaises

La France n'a jamais autant exporté de vin et d'alcools selon lexpansion.com.
Philippe Casteja, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS) a annoncé pour l'année 2006 un record en valeur des exportations de vins et spiritueux avec plus de 8 milliards d'euros. Le précédent record s'élevait à 7,8 milliards en 2003. Ce qui permet Philippe Casteja de prédire un tel chiffre est la valeur des exportations des 10 premiers mois de l'année 2006 qui s'élève déjà à 7 milliards.

Les plus exportés: vins de Bordeaux (+27%), le cognac (+12,2%), l'armagnac (+18,6%) et surtout la vodka (+132%). Le succès de la marque de vodka Grey Goose en Amérique serait l'une des raisons de cette performance.




Les mauvais de la classe: Val-de-Loire (+1,2%), le Bergerac (-0,3%), le Beaujolais (-4,3%) et le Languedoc-Roussillon (-4,3%).

Les meilleurs clients: la Grande-Bretagne, les Etast-Unis, l'Allemagne, la Belgique et le Japon.

Cette performance serait expliquée par un renouveau du 'Made in France' qui bénéficierait à l'ensemble de l'agroalimentaire français.


Focus:


Philippe Casteja, producteur et négociant, est l'actuel président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS) ainsi que président du Conseil des crus classés du Médoc et ancien président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB). Il est le PDG de la maison de vin Borie-Manoux à Bordeaux.
En 2005, il a appuyé un accord sur le commerce des vins entre l'Union européenne et les Etats-Unis. Cet accord, signé en septembre 2005 après vingt ans de discussion, permet aux EU de vendre en Europe des vins ayant fait l'objet de pratiques oenologiques non autorisées de ce côté de l'Atlantique. Et surtout, il admet que les Américains puissent usurper des appellations européennes : produire du "Sauternes" ou du "Champagne" y est désormais légal. Selon M. Casteja, cet accord permet "la sécurisation de l'exportation des vins européens vers les Etats-Unis".
Selon M. Casteja, une logique de marque devrait être généralisé en France.



Grey Goose est une maison de vodka créée par la société Sidney Frank Importing Company en 1997 et rachetée par la Bacardi en 2004 après l'agrément réglementaire de la Federal Trade Commission des États-Unis. L'acquisition de Grey Goose représente un mouvement stratégique important pour Bacardi Limited, dans le sens où celle-ci fait de la société un acteur significatif dans la catégorie vodka, la plus large catégorie de spiritueux aux Etats-Unis comme dans le monde entier. Grey Goose est la marque de vodka de qualité supérieure la plus vendue et celle dotée de la plus forte croissance aux Etats-Unis, le plus grand marché mondial de la vodka. Bacardi Limited a construit son activité autour des marques de qualité supérieure.
Grey Goose est disponible en version Original mais aussi goût Orange, Citron et Vanille.

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jeudi 21 décembre 2006

Le bon élève Champenois

En cette période de fin d’année, on se sent comme obligé de tourner notre regard vers le marché du Champagne. Comment se porte t-il par rapport à la filière viticole française ?

On peut le dire: bien! Les exportations augmentent (+6,3% en valeur ; +1,2% en volume) et les pays consommateurs sont de plus en plus nombreux (source Fédération des Exportateurs de Vins et spiritueux de France). Au sein de cette croissance ce sont les champagnes hauts de gamme qui s’en sortent le mieux, d’où un mouvement stratégique des marques vers le haut de gamme.

En outre, le Champagne bénéficie d’une image très positive qui évoque pour le consommateur la fête et le luxe. Contrairement au vin, il est moins associé aux problèmes liés à l’alcool. Les grandes maisons du Champagne rivalisent d’innovation marketing pour dépoussiérer l’image « un poil » austère du Champagne et cela se traduit notamment dans les packagings : flacon émaillé d’or et de platine chez Perrier-Jouët, cotte de mailles Paco Rabanne pour les bouteilles de « La Noble Cuvée » de Lanson, et corset de vinyle rouge signé Jean-Paul Gaultier pour Piper-Heidsieck (source Economie Matin).

Fort de ses atouts et muni d’un solide savoir-faire, la filière champenoise a mis en place une stratégie claire qui consiste à proposer une gamme simple, complète et stable (le fruit d’un assemblage dont la qualité est la même chaque année). Ces produits sont facilement identifiables pour le consommateur qui doit choisir entre une centaine de marques. Dans le secteur viticole, les appellations sont au nombre de 400 et on dénombre environ 150 000 noms de producteurs : une vrai jungle pour le consommateur français alors je vous laisse imaginer pour les consommateurs étrangers ! Seul les grands domaines sortent leur épingle du jeu et ce sont les petits producteurs qui ont du mal à être visibles. Loin de vouloir réduire la diversité, les producteurs de vin peuvent créer des produits plus facilement identifiables en créant des marques communes qui pourraient par exemple rassembler les producteurs d’une région ou d’un certain type de vins, de cépages. Des initiatives ont déjà été prises dans ce sens, mais la démarche doit être intensifiée.

La filière champenoise a aussi su s’organiser pour maîtriser les prix et les stocks grâce à une coopération étroite entre les principaux acteurs : récoltants, producteurs indépendants, négociants et grandes maisons de Champagne. En parallèle, le marché du Champagne est beaucoup plus structuré que le secteur viticole (ou il existe un grand nombre de petits producteurs et de coopérative). Les 10 plus grands groupes dont LVMH (1 milliard d'euros) et Vranken-Pommery Monopole (chiffre d’affaires : 260 millions d’euros) contrôlaient 82 % du marché en 2004 (Source Le journal du Management).

Les Champenois font donc figure de bons élèves dans la filière viticole française malgré quelques problèmes (propriété de la marque Champagne et baisse du marché domestique). Inspirons nous de leur succès et de leur savoir-faire pour mieux vendre nos vins à l’étranger et conquérir des parts de marché en cette fin d’année ! Santé !

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mardi 19 décembre 2006

No Limit


Pour se différencier de ses concurrents, No Limit ! Après le vin désalcoolisé, les copeaux de bois, le vin à la carte, on s’attaque au packaging. Cherchons l’innovation : des étiquettes féminisées, des couleurs flashies et même certaines bouteilles font tomber l’étiquette pour être imprimées à même le verre, comme les Fruité Catalan !


Mais « l’innovation » ultime revient à des sociétés étrangères, plus exactement australienne et italienne….vous ne voyez toujours pas ?

Un autre indice : Paris Hilton….susurrant son vin à la paille dans une canette !

Et oui ! Ils ont osé : les sociétés Barokes Wine (Australie) et Rich Prosecco ont lancé une collection de vin en canette.

Barokes Wine a protégé ce système sous le brevet Vinsafe®, et a même remporté une médaille d'argent au Royal Melbourne Wine Show 2005.

Quant à Rich, la société a loué les formes de la riche héritière qui n’a pas hésité à jouer le jeu…




D’autres comme Hardy (Grande-Bretagne) proposent le Shuttle c’est-à-dire un ¼ de vin et le verre qui va avec…si ça marche avec la moutarde et la mayonnaise, alors pourquoi pas le vin ?

Je le répète No Limit !

Et en France, la publicité pour les boissons alcoolisées n’est pas permise, bien que des travaux préparatoires pour distinguer le vin des autres boissons alcoolisées est en cours…

Un dossier de Vitisphère sur la communication du vin

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dimanche 17 décembre 2006

Le vin aux OGM, c'est pour demain

L'Institute for Wine Biotechnology, qui dépend de la Stellenbosh University en Afrique du Sud poursuit actuellement des travaux sur la possibilité de faire du vin à partir de raisin génétiquement modifié.
Ce "Frankenwine", pour reprendre le titre d'un article du Chicago Tribune, ne sera pas commercialisé avant 2010, autant dire demain. En effet, cette nouvelle doit etre prise au sérieux, notamment par le monde viticole français. L'éventualité d'un vin fait à partir d'OGM a suscité de nombreuses réactions en Afrique du Sud. Néanmoins, les OGM ne sont qu'une étape de plus dans la tendance à l'industrialisation de la production viticole. Les producteurs français ont une carte à jouer. Il faut s'appuyer sur ce genre d'initiatives douteuses et très contestées, y compris à l'étranger, pour remettre à l'honneur la vision française du vin.


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samedi 16 décembre 2006

Brève: La Chine

En lien un article d'un consultant en Chine.
Son point de vue sur le marché viticole chinois me paraît pertinent et intéressant pour les entrepreneurs français qui voudraient y exporter leur vin.

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vendredi 15 décembre 2006

Analyse de brevets et vin


Le secteur vinicole est en train d’évoluer et la consommation de vin continue de grimper. Même si le plus gros du marché se trouve en Europe, les vins européens se sentent en danger face à la montée en puissance des vins du nouveau monde qui sont de mieux en mieux acceptés grâce à leur bon rapport qualité/prix.

Il est important de pouvoir innover et de chercher les nouvelles opportunités ou au moins de bien détecter les menaces qui pèsent sur les vins français. Il est donc fondamental pour le secteur vinicole de développer des stratégies d’Intelligence Economique qui permettront de gérer l’abondance d’information. Un instrument très efficace est l’analyse de brevets.

Les bases de données de brevets sont une source d’information très intéressante tant au niveau économique que scientifique. C’est pour cela qu’il faut tout particulièrement établir une veille continue sur les nouveaux brevets au niveau mondial. À travers l’analyse de brevet, on peut identifier les nouvelles technologies émergentes, les nouvelles opportunités dans l’industrie du vin, les entreprises leaders en innovation, etc...

En appliquant ceci nous pourrions par exemple nous rendre compte que les principales innovations se produisent principalement dans les sous-catégories de brevets : B65D, B67B et A47G qui représentent respectivement le contenant comme les barriques ou les bouteilles (B65D), les fermetures des contenants (B67B) et les utensiles domestiques ayant une relation avec la consommation de vin (A47G). En détectant ces mouvements de fond, les entreprises auraient pu concentrer leurs ressources en innovation vers ces objectifs.

Tout ceci est vrai si l’on considère l’innovation comme un facteur clé de succés dans ce secteur en question, chose qui n’est pas systématiquement le cas chez tous les vignerons français.

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mercredi 13 décembre 2006

Brève

Un article idéal pour recadrer les débats qui agitent le milieu vitivinicole français confronté à des enjeux qu'il maitrise encore mal. Il montre bien notamment comment la montée en puissance des vins étrangers remet en cause le "modèle français", mais aussi quels ont été les outils de cette montée en puissance, et dans quelle mesure ils sont transposables en France.

Les producteurs face aux changements climatiques

Une légère hausse de 1 ou 2 degré de la température a un effet positif sur les récoltes de vin avec des vins plus sucrés, plus alcoolisés et moins acides. Pourtant à long terme un réchauffement climatique plus fort peut avoir des effets négatifs très importants sur la production viticole et les modes de production.

Selon les prévisions de l’Australian Wine and Brandy Corporation, l’Australie va connaître une récolte 2007 en baisse de 20% (1,5 millions de tonnes contre 1,9 millions en moyenne) qui serait due à la sécheresse et aux gelées du mois d’octobre. En France en 2003, la canicule de l’été a occasionné une chute de 17% de la récolte selon le Ministère de l’agriculture et de la pêche.

On peut constater que le réchauffement climatique à terme peut provoquer des conséquences désastreuses pour les producteurs de vin avec des vendanges plus précoces, l’apparition de nouveaux parasites, un déplacement des zones viticoles vers le Nord et une baisse de la production pour certaines régions.

La vitesse du réchauffement observé (plus d’un demi-degré en un siècle sur le globe) et attendu (de 1,4°C au mieux à 5,8°C au pire, en moyenne globale, entre 1990 et 2100) est cent fois plus élevée que la vitesse moyenne des variations naturellement imprimées au climat de la Terre (quelques degrés en 10 000 ans chaque fois) selon l’ORNEC.

Les effets du réchauffement climatique se font déjà sentir sur de nombreux secteurs économiques. Ces changements climatiques et leur anticipation vont conditionner la compétitivité des producteurs de vin français qui vont devoir accroître leur savoir-faire. Comment adapter les modes de productions aux changements climatiques ? Quelles vont être les régions les plus touchées par ces changements ? La France pourra t-elle continuer à produire le même type de vin? Peut on s'attendre dans le futur, à voir des pays comme le Royaume-Uni ou les pays scandinaves développer une production viticole comme la France?

La réflexion nationale et prospective est nécessaire pour répondre à ces questions, sensibiliser et adapter le vignoble français, ce qui suppose un dialogue important entre les pouvoirs publics et les producteurs pour déterminer les pratiques nécessaires et donc les investissements à réaliser. Certains organismes français (tels l’INRA ou l’ORNEC) ont déjà avancé des solutions comme l’amélioration des méthodes d’irrigation, des Vendanges nocturnes mécaniques, le Refroidissement des chais, la mise en place d’un observatoire de l’incidence du réchauffement climatique sur le vin et la création d’indicateurs pertinents sur le climat permettant l’anticipation.

Pour en savoir plus, une étude de l’ORNEC.

samedi 9 décembre 2006

A la rescousse du vin français!

Les députés M. PHILIPPE-ARMAND MARTIN ET M. GÉRARD VOISIN ont déposé le 15 novembre 2006 un rapport d’information sur la situation viticulture. La presse française et internationale a beaucoup relayé une mesure phare du rapport : « un programme d'éducation pour la santé informant des effets bénéfiques du vin dans le cadre d'une consommation appropriée ». Mais est-ce bien la seule proposition du rapport pour relancer la consommation du vin ??
Les 10 principales propositions du rapport sont :

« 1.
Mettre en place des programmes d'éducation pour la santé informant des effets bénéfiques du vin dans le cadre d'une consommation appropriée ;
2.
Rénover la formation des viticulteurs et de l'ensemble des professionnels de la filière vin ;
3.
Encourager la recherche vitivinicole et la réorienter vers la connaissance des marchés ;
4.
Créer un observatoire du consommateur mondial de vin ;
5.
Lancer une campagne internationale sur l'originalité et la supériorité des vins français ;
6.
Clarifier la typologie des vins entre trois grandes catégories ;
7.
Réexaminer la réglementation œnologique en combinant tradition et souplesse ;
8.
Améliorer les contrôles qualitatifs en les plaçant en aval et en les rendant plus objectifs ;
9.
Encourager les innovations dans tous les domaines ;
10.
Rationaliser les interventions des différents organismes actuels et créer une Maison de l'exportation ;
11.
Instituer une Maison des vins de France, étendard et voix du vin français.
»

Rapport complet ici


La baisse de consommation du vin, produit phare du terroir français, inquiète nos élus. Ce rapport va-t-il entraîner un engouement des institutions et organisations pour réagir face aux évolutions des modes de vie et à la montée en puissance de la concurrence des vins du Nouveau Monde ?

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mercredi 6 décembre 2006

Un réflexe protectionniste au Canada?

L’Union Européenne a demandé le 29 novembre auprès de l’OMC des consultations avec le Canada au sujet de ses nouvelles mesures fiscales concernant le vin et la bière. Cette nouvelle réglementation se traduit par l’exonération de droit d’accises pour les vins canadiens, mais le maintien de ces taxes sur les bières et vins importés. Ces mesures sont appliquées provisoirement depuis le 1er juillet 2006, leur entrée en application définitive restant soumise à un vote du Parlement canadien.

On constate encore une fois devant ce cas avéré de concurence déloyale de la part des canadiens que le concept de « main invisible du marché » est une grille de lecture inadaptée à l’économie mondiale. La France qui est souvent montré du doigt pour "ses mesures protectionnistes" ne va pas aussi loin dans la protection de ses produits.

Les sommes en jeu sont considérables. Les ventes de vin au Canada s’élèvent à 4,2 milliards (source : http://www.vitisphere.com/article.php?id=52206 ) de dollars en 2004-2005 (2,9M€), en hausse de 6,5 % par rapport à 2003-2004, et dont les vins importés représentent pratiquement la moitié du marché avec un chiffre d’affaire de 1,9 milliards de dollars. (source : http://www.statcan.ca). L’UE a exporté pour 446 millions d’euros de vin en 2005. Bien que les exportations de vin du Canada sont bien moindres que ses importations, elles représentent 41, 5 millions de dollars sur la période 2004-2005 dont le principal marché sont les Etats-Unis ( ils représentent 84% des débouchés et exportent aussi beaucoup de leur vin vers le Canada) et Taiwan.

Cette réaction du Canada est peut être du aux tendances lourdes qui s'exercent depuis une dizaine d'années sur son marché à savoir que la vente des vins importés augmentent bien plus vite que celle des vins intérieurs. A titre d'exemple sur la période de 2000/2001 à 2004/2005, le volume des ventes de vin canadien a augmenté de 13 %, soit beaucoup plus lentement que celui des marques importées, qui s’est accru de 23% .

Comment réagir efficacement face à ce sursaut protectionniste du Canada?

Pour agir efficacement les producteurs étrangers doivent jouer sur les 3 échiquiers :

- Géoéconomique : l'UE, Taiwan et les Etats-Unis doivent s'accorder pour faire pression sur le gouvernement canadien à travers des procédures à l'OMC et des mesures de rétention sur les exportations de vin canadien

- Concurrentiel : Rachat/ Prise de participation de producteurs canadiens, pression sur les distributeurs, stratégie marketing agressive, pression sur les entreprises canadiennes exportant vers les Etats-Unis et l'UE

- Société civile: Communiquer auprès des associations de consommateurs sur cette distorsion de la concurrence, communiquer auprès des consommateurs et organiser la polémique (sites Internet ou médias classiques)

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mardi 5 décembre 2006

Les critiques de vin manipulés?


Le journal néozélandais "The New Zeland Herald" donne la parole dans ses éditions d'hier à Michael Cooper, critique de vin reconnu, qui dénonce le coup de bluff du producteur d'un vin, le Wither Hills Sauvignon Blanc 2006. Les échantillons envoyés au magazine Cuisine, pour lequel travaillait Mr Cooper, étaient différents du vin vendu au consommateur. A lire en anglais sur le site du journal, ou sur le blog québequois Méchant Raisin.
La réponse de Wither Hills ici.

Hypothèse: les vins du "nouveau monde" tenteraient-ils d'améliorer leur réputation en ayant recours à des méthodes pour le moins directes mais néanmoins efficaces (quand ils ne se font pas prendre...)?

La Confédération paysanne tire la sonnette d'alarme


Initiative intéressante de la Confédération Paysanne qui lance un pétition contre "les naufrageurs du vin"
(signer la pétition).
Evidemment marquée politiquement et dénonçant avec acharnement les politiques libérales de la Commission de Bruxelles, cette mobilisation n'en est pas moins légitime. Nous la relayons ici car elle soulève de vrais problèmes de fond qui rejoignent notre ligne éditoriale: standardisation et industrialisation du gout, dictature du marketing oenophile, remise en cause des traditions viticoles...
Cette mobilisation grandissante montre aussi que le vin n'est pas qu'un produit, il est aussi chargé d'enjeux sociaux et culturels. L'inquiétude des viticulteurs français, si elle ne doit pas etre prétexte à l'immobilisme, est donc le signe d'un désarroi qui va plus loin que des difficultés purement économiques.

Dessin de Samson, pour la Confédération Paysanne

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lundi 4 décembre 2006

LE VIN TIENT SON G8 PARTICULIER

Entre le 12 et le 16 novembre, s’est tenu dans la ville de Mendoza (Argentine) ce que l’on pourrait appeler le G8 du monde du vin. Dans le Club des Grandes Capitales du Vin (Great Wine Capitals http://www.greatwinecapitals.com/) se trouvent Melbourne (Australie), Florence (Italie), Napa Valley-San Francisco (États-Unis), Le Cap (Afrique du Sud), Rioja-Bilbao (Espagne), Bordeaux (France) et Oporto (Portugal).

Cette année c’est au tour de Mendoza d’occuper la Présidence du Comité Exécutif jusqu’à Novembre 2007 en la personne de Hector Smud gérant de Promendoza (http://www.promendoza.com/).

Au sein de cette organisation se cotoit autant des villes du vieux monde comme du nouveau. Ceci peut-être le symbole du fait que les régions viticoles rencontrent des difficultés similaires dans le monde.

Ce club a 3 lignes d’action prioritaire :

- Développement du tourisme du vin. Il s’agit de créer des labels touristiques avec le label GWC (comme symbole de qualité) et d’assurer des flux réciproques de touristes entre les villes/région.

- Création d’un Business Network Services. Elaborer une base de données conjointes des fournisseurs et des produits pour mutualiser la connaissance et à moyen therme rentrer dans une économie d’échelle.

- Formation. Création d’un international wine MBA pour former des cadres spécialisés dans l’industrie du vin.

Comme vous pouvez le constater, ce sont des mesures qui paraissent évidentes pour une amélioration de l’industrie du vin. Maintenant allez savoir pourquoi il a été plus facile pour des régions du monde de mettre en oeuvre ces actions que pour les régions viticoles françaises ? Il me semble logique (peut-être pas pour vous ?) de penser que l’archaisme, le manque de partage de la connaissance, l’enfermement des terroirs sur eux-mêmes, la faible initiative privée comme publique et un long etc... (qui vous pouvez compléter) sont en grande mesure la cause de cela.

Dans le monde actuel où la culture du réseau est devenue vitale, les régions viticoles françaises (et pourquoi pas européennes) devraient commencer à travailler ensemble pour pouvoir exploiter tout leur potentiel.

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