vendredi 31 août 2007

La maitrise de la connaissance, enjeu stratégique sur le marché du vin.

Un article très intéressant du journal Sud Ouest évoque l'ouverture prochaine de l'Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (l'ISVV), à Villenave d'Ornon, près de Bordeaux. On ne peut que se féliciter d'une telle initiative qui regroupera sous un meme toit enseignants étudiants et chercheurs. A l'heure où le génome de la vigne vient d'etre décrypté , la recherche scientifique sur le vin est un enjeu majeur, aujourd'hui bien compris des californiens à l'université de Davis et des australiens qui ont fait de l'université d'Adelaide une référence en la matière.

L'Institut encore en travaux, ouvrira ses portes en octobre 2008 et proposera activités de formation et de recherche articulées autour de trois thèmes: oenologie, physiologie, polyphénols et santé. Il a cependant commencé cette année un cycle de séminaires et de conférences dont on peut trouver le programme sur le site de l'ISVV.

Chose intéressante, l'ISVV ne restera pas cantonné à la sphère scientifique et sollicitera aussi professeurs et chercheurs en sciences humaines et sciences de gestion, notamment en marketing. Pour Serge Delrot, directeur de l'ISVV, cité par Sud Ouest "Avec ces outils nous n'aurons aucune excuse à ne pas réussir". L'ISVV semble s'etre donné des objectifs ambitieux en terme d'attractivité des cerveaux mais aussi de rayonnement en termes de production scientifique.

L'ISVV permettra peut etre de structurer un prochain pole de compétitivité aquitain sur les problématiques viti vinicoles. Le projet Inno'vin n'a en effet pas été retenu lors de l'ajout de 5 nouveaux poles le 5 juillet dernier.

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lundi 27 août 2007

Pérou: un pisco de mauvais gout...

Le nom de Pisco, avant d'etre celui de la ville péruvienne victime du grave séisme du 15 aout dernier, est connu des amateurs d'alcools exotiques. Le pisco désigne en effet une eau-de-vie de raisin, titrant 40°, similaire à la grappa italienne.


Le Ministre Péruvien de la Production, Alan Rey (ci contre) a présenté la semaine dernière une série limitée à 1000 exemplaires d'une bouteille de pisco destinée à remercier les réprésentants de pays étrangers ou d'institutions internationales pour l'aide apportée à la reconstruction. Geste louable, qui serait passé inaperçu si l'Association de Producteurs de Pisco n'avait pas labellisé cette édition spéciale "Pisco 7,9" en référence à la magnitude du séisme qui a frappé la ville. La polémique a enflé si bien que le geste va rester, sans la dénomination du pisco. Peut etre ces bouteilles garderont-elles sur leurs étiquettes leur messages de remerciements ainsi que le message "Solo hay uno" (il n'y en a qu'un).


Il faut savoir en effet que le pisco cristallise les relations conflictuelles entre le Pérou et le Chili, également gros producteur de pisco. Si le Chili ne conteste pas la paternité du Pérou sur le produit (depuis le 16ème siècle), le pays, selon les Péruviens usurpe la propriété d'un produit dont la protection par une appellation d'origine est un cheval de bataille du Pérou. Une procédure a été lancée par le pays en 2005 devant l'Office Mondial de la Propriété Intellectuelle, afin d'interdire au Chili l'usage du terme pisco. Mais dans les accord bilatéraux, L'Union Européenne par exemple s'est bien gardée de choisir et admet les pisco des deux pays...


Le sujet déchaine vraiment les passions y compris sur Internet ou les pages relatives au "pisco chileno" et au "pisco del Peru" de Wikipedia en espagnol ont été verrouillées suite aux vandalismes de contributeurs trop impliqués dans la défense de leur patrimoine!


Toute cette affaire est à remettre dans le contexte d'un pays en désarroi, qui doit affronter un état d'urgence aggravé par les pillages qui ont suivi le tremblement de terre. D'autres histoires bizarres, dont on ne sait pas si elles sont des rumeurs ou pas ont été aussi relayées dans la presse. Des boites de thon envoyées par le Venezuala auraient été utilisées comme supports de propagande par Chavez et Humala, opposant au régime péruvien (voir photo). Ces boites semblent avoir été mises en circulation mais par qui?


On s'éloigne du sujet, mais c'est pour montrer que ce genre de situations tragiques et potentiellement explosives font le lit de toutes les polémiques, actions d'influence plus ou moins avérées et autres manipulations...




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jeudi 16 août 2007

Une récolte 2007 en baisse et l’entrée de nouveaux acteurs

Cette année, les récoltes français commencent très tôt, en grande partie à cause des conditions climatiques. Les vignerons ont pâti d’un hiver doux et d’une pluie tardive pendant l’été. Ce climat a favorisé l’apparition de maladie. En parallèle, la production 2007 - estimée à 49,9 millions d'hectolitres de vin, en baisse de 5% par rapport à l’année précédente- sera une des plus faibles depuis 2000. Ce résultat est aussi du à la campagne d’arrachage favorisée par l’Europe. La France n’est pas la seule à connaître une baisse de sa production. L’Italie est elle aussi touchée avec une récolte de 45 millions d’hectolitres soit une baisse de 10 %.

L’impact sur le marché français n’est pas forcément négatif. En dépit du faible volume, la précocité des vendanges est synonyme de qualité. La baisse des volumes va favoriser la baisse des stocks qui avaient handicapé les producteurs français les deux années précédentes.

Cette récolte est donc aussi une opportunité à saisir pour les producteurs français de se positionner sur le marché mondial avec un vin de qualité. Car le marché mondial loin de diminuer comme la consommation en France est en croissance (selon Vinexpo il devrait croitre de 10% par an). Ce développement s’accompagne par l’entrée de nombreux acteurs que l’on n’avait pas soupçonnés alors.

La Chine est devenue en quelque année le cinquième vignoble mondial et bien que certains acteurs étrangers comme les français ou les australiens sont déjà présents, la majorité des investisseurs sont chinois. Si la consommation locale se développer, on imagine le poids des acteurs du marché chinois d’ici quelques années. La Chine n’est pas la seule à se positionner sur le marché du vin, le Japon, la Corée, l’Uruguay, l’Inde ou le Maroc suivent le même mouvement.

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mercredi 15 août 2007

2 films à la gloire de la suprématie du vin californien sur le vin français: Le Jugement de Paris et Bottle Shock


Ces deux films relatent le concours de dégustation organisé en 1976 par Steven Spurrier, marchant de vin anglais. Une dégustation à l'aveugle de vins californiens et français par 9 critiques et oenologues reconnus (dont 8 Français) avait abouti à ce résultat: aussi bien pour les vins rouges que les vins blancs, les vins californiens se plaçaient premiers (voir l'article "Un peu d'histoire" )

Aujourd'hui, deux films hollywoodiens ont pris pour thème ce jugement légendaire. Cependant, l'un est l'adaptation du livre Le Jugement de Paris, de George Taber, de Time Magazine, seul journaliste présent lors de la dégustation. Steven Spurrier, le négociant en vin britannique et organisateur de l'événement a participé au film "officiel", Le Jugement de Paris. Celui-ci accuse de "diffamation et de grossière réinterprétation" les producteurs du film concurrent – Bottle Shock, de Randall Miller avec Eliza Dushku, Alan Rickman dans le rôle de Steven Spurrier et Danny De Vito dans celui de Mike Grgich, propriétaire du chardonnay de la Napa Valley et vainqueur de la dégustation de 1976.


















Pour plus d'info, c'est par

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vendredi 3 août 2007

Le vin "Ratatouille" et Disney dans le collimateur du Wine Institute




Disney voulait, pour feter la sortie du film Ratatouille, commercialiser des bouteilles en édition limitée à l'effigie du film. Problème: le vin était français, un blanc du Chateau de Messey en Bourgogne. Sous la pression des associations américaines contre l'alcoolisme chez les jeunes (ces associations luttant contre le "underage drinking", nombreuses aux Etats Unis, sont souvent controlées par les grands producteurs de spiritueux), Disney a donc du mettre fin à ce coup marketing, qui collait parfaitement avec l'esprit du dessin animé, mais aussi avec la tendance de ses productions de ne plus s'adresser seulement aux enfants.




A la pointe de cette levée de boucliers aussi brève qu'efficace on trouve le Wine Institute, dont nous avons déjà ici relaté les actions d'influence et de lobbying. Représentant les producteurs de vins californiens, le Wine Institute, dirigé par le beau frère du Président Bush, Robert Koch, a fait preuve d'une belle hypocrisie, en s'insurgeant contre le vin Disney, accusé de vouloir alcooliser les enfants!




Nancy Light, qui gère la communication du Wine Institute, a évidemment juré la main sur le coeur que la réaction aurait été identique si le vin produit avait été californien. On en doute, et, après tout le Wine Institute aurait eu tort de se priver de cette attaque. Il a invoqué le respect du code de conduite de marketing qui devait s'imposer, s'abritant derrière des principes éthiques que l'on peut discuter, mais qui relèvent ici d'un cynisme remarquable... On connait l'étiquette que Disney avait conçu pour la bouteille (voir ci contre). L'image rappelle certes l'univers du film, sans reprendre tel quel l'apparence de son héros le rat Rémy. Compte tenu que ce vin était destiné à une édition vraiment limitée -500 caisses- on peut dire que la polémique a été artificiellement gonflée.




Si Disney n'avait pas cédé, on avait tous les ingrédients d'une polémique. Une situation de départ insolite: Disney commercialise du vin. Problème moral et éthique: les enfants sont ils susceptibles d'etre la cible d'une telle opération marketing? Si l'on ajoute à cela l'actualité liée à la sortie de Ratatouille et l'occasion, toujours bonne à prendre de critiquer la France, l'affaire aurait pu avoir une autre ampleur. Disney ne s'est pas engagé sur ce terrain de guerre de l'information, ou le poids et la force des arguments l'emportent sur leur véracité. Ca lui a peut etre évité d'etre mis en cause pour le dessin animé lui meme, au cours duquel (horreur!!!) on voit du vin français sur de nombreux plans!

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jeudi 2 août 2007

Brèves: le vin californien: si loin, si proche...

Deux brèves qui viennent réveiller un peu Vin Spirit IE, dont vous aurez constaté la diminution du rythme de publication en cette période de vacances...
Point commun de ces nouvelles fraiches: elles nous rappellent que malgré tout ce qu'on peut dire sur les différences culturelles entre modèles viticoles, on assiste à des convergences intéressantes entre Ancien et Nouveau Monde...
Un article du Figaro d'aujourd'hui: "Les entreprises s'emparent des vins californiens" revient sur la cession de vins prestigieux de la Napa Valley, comme Stag's leap cellars. Ainsi, aux Etats Unis, les milieux viticoles sont partagés entre propriétés familiales et propriétés de grands groupes ou des fonds d'investissement. Les producteurs de vin américains, s'ils apparaissent vu de France comme plus professionnels et "capitalistes" sont parfois les héritiers de dynasties familiales qui n'ont rien à envier à nos grandes familles bordelaises et bourguignonnes, ou tout simplement des producteurs indépendants.





Dans le meme ordre d'idée, le débat fait actuellement rage dans la Napa Valley sur l'opportunité de créer de nouvelles zones de production protégées (American Viticultural Areas). Partagés entre la difficulté de créer une nouvelle subdivision à l'intérieur de la Napa Valley (le débat porte sur Calistoga) et l'atout indéniable en termes d'image de marque, les Américains découvrent les aleas d'un système très décrié quand on parle de la France (appellations trop nombreuses, complications administratives et juridiques...). Le terroir a encore de l'avenir!